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UN MONDE D'AVANCE- SECTION LEON BLUM
15 mai 2007

CONSEIL NATIONAL DU PARTI SOCIALISTE : JACQUES GENEREUX

Mes chers camarades, j’ai bien compris que ce n’était pas le jour et le lieu de faire l’analyse complète de la défaite. Je me félicite simplement que tout ce que j’ai entendu ce matin amène à penser que nous avons quand même bien réalisé qu’il s’agit d’une défaite car, au moins, ne partons pas d’un contresens dans nos travaux futurs sur le fait que nous avons connu une défaite aussi sévère, si ce n’est plus sévère qu’en 2002 si on considère la défaite de la gauche et non pas simplement des socialistes, puisque la gauche a encore reculé de 7 points dans des circonstances, comme l’a rappelé Henri Weber et tant d’autres, où les circonstances étaient quand même beaucoup plus favorables pour nous.

Mais je n’y reviens pas, je voudrais juste m’arrêter un instant sur la victoire de la droite et sur cette question de la droitisation de l’électorat et de la société française. Les choses sont, camarades, plus subtiles que ce que peuvent penser les uns et les autres et nous devrons y travailler sérieusement. A la fois, il n’y a pas de droitisation de la culture et de la société française en ce sens, comme cela a été rappelé, que nous sommes dans une situation où la jeunesse rejette le libéralisme dans le marché du travail, où l’ensemble de la population française a rejeté l’orientation trop libérale de la politique française et de l’Europe dans le non clair et franc au traité de constitution européenne, où les électeurs en 2004, lorsqu’on leur pose la question dans une élection intermédiaire, qui est celle finalement de l’évaluation du bilan et de l’orientation politique en place, dit massivement non à cette politique. Donc nous sommes dans cette situation paradoxale où un électorat est massivement en opposition à l’orientation actuelle de la politique menée dans ce pays, mais dans le même temps a cru que Nicolas Sarkozy représentait une alternative à la politique menée par ce gouvernement. Et donc c’est le problème que nous devons nous poser. Pourquoi ne sommes-nous pas apparus, nous, comme l’alternative au gouvernement sortant ? Et pourquoi c’est un membre de ce gouvernement sortant qui a réussi à paraître comme l’alternative à ce gouvernement sortant ? Mais la deuxième observation, dans le même temps, c’est, on l’a dit ici, c’est une victoire idéologique. Mais de quelle idéologie ?

Il y a aussi une victoire de l’idéologie de la responsabilité et du mérite individuel, cette idéologie individualiste d’une culture qui est celle, comme vous le savez, que j’ai appelée la culture d’une dissociété, d’individus où chacun vit pour soi et se bat pour lui-même. Mais cette culture-là, camarades, est une culture qui en effet progresse, et qui progresse dans les couches populaires. Pourquoi ? Parce que, quand on est plongé depuis vingt ans dans une société qui, en effet, est une société de compétition généralisée où les classes populaires ont le sentiment d’abandon, quand effectivement, que ce soit droite ou gauche au pouvoir, on peut avoir le sentiment que chacun doit d’abord compter sur lui-même, alors ce discours prend et il prend sur les couches populaires. Et là est la victoire idéologique et culturelle de la droite qu’il nous faudra combattre.

Mais je terminerai d’un mot : ce qui est clair pour moi, c’est que, comme ça a été rappelé, Nicolas Sarkozy a gagné sur des thématiques de gauche, Nicolas Sarkozy a gagné en faisant croire que lui pouvait être une protection face au libre échange international, il a gagné en faisant croire que lui pouvait être le défenseur du pouvoir d’achat des pauvres et des travailleurs, il a gagné en faisant croire qu’enfin le pouvoir était de retour, la politique était de retour et qu’on saurait qu’il y aurait quelqu’un à l’Élysée qui dirait : « C’est moi qui gouverne, c’est moi qui décide, et donc ce ne sont pas les marchés, ce ne sont pas les autres. »

Et donc, mes chers camarades, la gauche n’est pas orpheline d’un peuple qui l’aurait lâchée, elle n’est pas orpheline et le peuple de gauche n’est orphelin d’une culture ou d’idées qui ne seraient plus à gauche, qui seraient passées à gauche. Il faudra que nous assumions le fait que cette gauche est orpheline d’une représentation politique, c’est qu’il n’y a pas eu la représentation politique susceptible d’incarner ces valeurs et ces politiques de gauche, et maintenant c’est à nos camarades candidats aux législatives d’être les représentants, pour mener bien évidemment une autre campagne car ne sortons pas d’ici en disant que, ce qui a été défait doit être ce qui doit nous inspirer maintenant.

Bien évidemment, au moins, malheureusement, la seule conclusion, c’est que seule une autre ligne, une autre méthode, un autre discours peut amener la gauche à être à nouveau la seule représentante de ses valeurs, des ses combats et des ses politiques.

Intervention de Jacques Généreux, Conseil national du 12 mai 2007

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