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UN MONDE D'AVANCE- SECTION LEON BLUM
8 décembre 2007

BANLIEUES : RIEN N'A CHANGE, PAR CLAUDE DILAIN

PS_NPS_RG_CLAUDE_DILAINLe 25 novembre 2007, la banlieue est de nouveau réapparue dans les médias et le débat politique. Deux ans après les émeutes de l’automne 2005, rien n’a changé sur le fond. Certes, ces problèmes sont trop complexes pour être traités dans le temps d’un mandat politique. Drôle de République qui inclut dans le préambule de sa Constitution une exigence de cohésion sociale et qui territorialise sa misère et ses exclus.

Au silence insupportable succède maintenant l’idée que tout cela se résume à un problème de "voyoucratie". Oui, monsieur le président, ces territoires, comme les autres, abritent des délinquants et des trafiquants, même s’ils ne représentent qu’une infime minorité, et l’ensemble des habitants de ces quartiers n’attend qu’une chose,c’est que la République assure la sécurité. Mais les habitants de ces quartiers attendent également qu’on les respecte, qu’on les accepte, qu’on leur donne les conditions de prendre toute leur part dans la société. Et ce n’est pas avec 1 % des crédits de l’État qu’on lutte contre la paupérisation de ces territoires, qu’on stoppe la spirale de la ghettoïsation. Pour réussir ce combat contre la territorialisation de la misère, les efforts doivent être soutenus dans la durée,les moyens financiers et humains doivent être importants et la détermination sans faille. Sans cette volonté, la République risque de voir ces territoires basculer et peu à peu se séparer.Ils seront au-delà « de la bordure extérieure » et il deviendra alors de plus en plus difficile de franchir la frontière.

Si les socialistes veulent rester fidèles à leur idéal, ils doivent se mobiliser pour reconquérir ces territoires et faire que leurs habitants ne se considèrent pas comme des Francais entièrement à part mais des Français à part entière.

Source : L'Hebdo des socialistes, n° 469, Samedi 8 décembre 2007. Claude Dilain est Maire PS de Clichy-sous-Bois. Il est l'auteur de Chronique d'une proche banlieue, Stock, 2006.


DANS LES BANLIEUES, DEUX ANS APRES, RIEN N’A CHANGE

Les nuits d’émeutes, fin novembre, à Villiers-le-Bel (Val-d’Oise) viennent rappeler que les grandes promesses du gouvernement Villepin, faites deux ans auparavant, ont été oubliées en chemin par les responsables de l’exécutif. Quant à Nicolas Sarkozy, il se contente de proférer "la fin de la voyoucratie "… tout sauf le début d’une relation de confiance entre quartiers difficiles et gouvernement. Didier Vaillant, Maire PS de Villiers-le-Bel, donne son sentiment sur cette crise et la situation des banlieues.

Les nuits de violence que vous avez vécues le week-end du 25 novembre ne sont pas sans rappeler les émeutes de 2005. Peut-on faire un parallèle ?

Villiers-le-Bel n’avait pas été fortement touché par les émeutes de 2005. C’est une ville où le lien social et les solidarités sont très forts. Je ne pense pas qu’un parallèle puisse être établi avec 2005 dans le déroulement des événements. Les faits l’ont d’ailleurs montré. Cependant, c’est le même désespoir qui explose en violences. Il est fait de sentiments d’injustice, de perte de confiance dans l’avenir, de défiance à l’égard des institutions.

Peut-on dire que rien n’a changé depuis deux ans ?

Des mesures ont été prises, mais elles ne sont pas à la hauteur des enjeux. Les habitants des banlieues ont toujours le même sentiment d’abandon.

Le gouvernement de l’époque avait été très critiqué pour avoir supprimé de nombreuses aides aux associations de terrain. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Il y a deux aspects au problème. Dans certains secteurs, les aides aux associations ont effectivement diminué. Mais surtout, dans trop de domaines, les associations pallient les carences des services publics, notamment en matière d’aide sociale, d’insertion professionnelle et de prévention. Or, il faut cesser de penser que ce sont des problèmes conjoncturels que les associations peuvent régler seules. La situation de nos banlieues justifie que l’État prenne ces questions à bras-le-corps et développe des actions structurelles de long terme.

L’élection de Nicolas Sarkozy à la tête de l’État a-t-elle exacerbé les tensions ?

Que le chef de l’État et la banlieue ne se comprennent pas, c’est une chose que chacun peut constater. Cela doit changer. On ne peut rester dans cette situation, car le principal défi de la banlieue pour la République est précisément de retrouver une confiance réciproque.

Le gouvernement actuel se met-il en situation de résoudre les problèmes des cités ? Les allées et venues de ces représentants à Villiers-le-Bel ces derniers jours ont-elles été productives ?

Que les représentants de la République viennent à Villiers-le-Bel dans les circonstances que nous avons connues me semble naturel. Je veux le prendre comme un signe d’attention. J’ai eu l’occasion, cette semaine, d’échanger avec plusieurs membres du gouvernement. Ils ont pu constater que les citoyens de Villiers-le-Bel sont conscients d’avoir les mêmes devoirs vis-à-vis de la République que partout ailleurs en France. Je veux croire que le gouvernement est également conscient que la République a aussi des devoirs vis-à-vis des habitants des banlieues.

Source : L'Hebdo des socialistes, n° 469, Samedi 8 décembre 2007. Propos recueillis par Damien Ranger.

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