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UN MONDE D'AVANCE- SECTION LEON BLUM
22 août 2007

LA RENOVATION N'EST NI UN PETIT MATIN NI UN GRAND SOIR : ENTRETIEN AVEC GILLES CANDAR

GAUCHES_FRANCEQue signifie l’agitation rénovatrice des socialistes ?

Après les récentes défaites électorales et l’annonce du départ du premier secrétaire, les socialistes font le constat unanime d’un parti un peu vieilli, trop sectorisé et pas assez ouvert sur la société. Le débat sur la rénovation est récurrent et nécessaire. En plus d’un siècle de socialisme, le parti est régulièrement entré en introspection.

Quelle a été la dernière rénovation du parti ?

Dans les années 70, le socialisme a mené sa rénovation avec succès. François Mitterrand a mis en avant les thèmes de l’union de la gauche et du socialisme comme rupture, en intégrant aussi bien les aspirations culturelles de Mai 68 que la volonté de modernisation gestionnaire de cadres venus du centrisme ou du gaullisme social (Jacques Delors, Michel Vauzelle…).

Comment le PS devrait-il, selon vous, mener ce processus ?

La rénovation n’est ni un petit matin ni un grand soir, contrairement à ce que peut véhiculer l’imaginaire français. C’est un processus long et patient. «Tout est toujours très difficile», aimait à dire Jaurès. L’écueil du PS c’est de se parler à lui-même, dans un langage connu de lui seul. Il doit sortir d’une logique de petit groupe, s’ouvrir et tenir un discours clair. Léon Blum, lorsqu’il a voulu rénover le parti en 1946, insistait en même temps sur le retour aux valeurs fondamentales : ce qu’il appelait la «justice sociale».

Ségolène Royal peut-elle incarner la rénovation ?

Elle s’en sort avec un résultat en demi-teinte. Ségolène Royal a senti la nécessité de créer des rapports plus directs entre les politiques et les Français. Si tant est que son idée de démocratie participative fonctionne, elle peut représenter la rénovation, mais elle n’est pas la seule et tout dépend aussi de ses choix.

La nouvelle génération peut-elle relever ce défi ?

Ces quadras doivent être en première ligne et secondés par des anciens, mais je ne crois pas à la retraite en politique ! Face à la droite qui a mis en avant des jeunes, le PS doit faire de même. Mais, entre Valls, Hamon ou Hammadi, les différences sont notables. Il est fort probable qu’au prochain congrès chaque sensibilité s’organise autour de deux ou trois figures de proue, jeunes mais concurrentes.

Le PS doit-il se rénover avec l’ensemble de la gauche ?

Aujourd’hui, envisager l’alliance à gauche est toujours nécessaire mais plus complexe. Avant, il s’agissait de passer un accord avec le PCF. Là, les choses sont plus diverses et émiettées, faute de répondant politique très structuré à la gauche du PS.

Source : Libération en date du mercredi 22 août 2007. Propos recueillis par Laure Equy. Gilles Candar est historien, spécialiste des gauches françaises. Il a codirigé, avec Jean-Jacques Becker, une Histoire des gauches en France (La Découverte, 2004).

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