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UN MONDE D'AVANCE- SECTION LEON BLUM
15 janvier 2008

HENRI EMMANUELLI : "LE PS DONNE UN SPECTACLE AFFLIGEANT"

PS_RG_HENRI_EMMANUELLIComment jugez-vous l’annonce faite par Jean-Marc Ayrault d’un boycott du Congrès ?

Je la juge incompréhensible. Je comprends que le parti soit divisé sur l’adoption du traité, puisqu’il l’était déjà. Mais on ne peut remplacer un référendum qui a déjà eu lieu par un vote parlementaire. Le PS ne peut donc renoncer à exiger la tenue de ce référendum. Et le seul moyen de l’obtenir, comme nous nous y étions engagés lors des campagnes présidentielle et législatives, c’est d’aller à Versailles voter contre la révision. Je ne comprends pas qu’on laisse les mains libres au Président dès lors qu’il s’agit du respect d’un principe fondamental, le suffrage universel.

Alors, pourquoi cette annonce ?

Je ne me l’explique pas. Et c’est là qu’on retombe sur le problème d’une cohérence minimum. La liberté de conscience sur le traité lui-même, c’est-à-dire sur le oui et le non, difficile de faire autrement. En revanche, s’agissant du référendum, je ne vois pas pourquoi il y aurait finalement liberté de conscience. Si des socialistes ne situent plus la légitimité politique dans le suffrage universel, qu’ils le disent et l’assument ouvertement. Mais je ne pense pas qu’il puisse y avoir d’ambiguïté sur ce sujet.

Comment réagissez-vous aux propos de François Hollande qui a fustigé le « jeu » des opposants au boycott ?

C’est grave. S’il considère que la défense de la souveraineté populaire est une affaire de posture ou de tactique, c’est le signe d’une légèreté inquiétante. En politique, il faut avoir un minimum de cohérence. Et je parle bien d’un minimum. En 2005, j’ai fait campagne pour le non. Et je sais que ceux qui l’ont menée pour le oui n’ont jamais admis le vote du peuple français. Mais qu’ils aient le courage de le dire, et qu’ils arrêtent d’expliquer que ceux qui veulent le faire respecter sont des tacticiens.

Que pensez-vous de la position de Ségolène Royal qui, après avoir défendu le référendum, estime désormais qu’il faut adopter le traité ?

Si l’on explique "Nicolas Sarkozy a été élu, l’affaire est réglée", je ne vois pas alors ce qu’on fait à l’Assemblée nationale. Et ce, d’ailleurs, sur tous les sujets. Pourquoi s’opposer, alors ? On en arrive à des raisonnements ahurissants pour justifier l’injustifiable. J’ai envie de dire : "pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils disent…".

Concrètement, les socialistes pourront-ils se doter d’une position commune ?

Je crois que non. Mais on peut élargir : y a-t-il une position du PS sur la politique internationale ? La mondialisation ? La croissance ? Ce n’est pas le seul sujet sur lequel le parti n’a pas de position. Le PS ne manque pas de propositions, mais de cohérence.

Quel est l’impact de cette affaire dans l’opinion publique ?

Une fois de plus, nous donnons un spectacle affligeant. Entre l’improvisation, les avancées et les reculs, le manque de lucidité, on donne l’impression de subir les événements politiques. Cela commence à faire beaucoup.

Quel remède, alors ?

Ce que je vais proposer, c’est qu’après le prochain congrès socialiste, le futur ou la future premier secrétaire s’achète une boussole. En souvenir de Sénèque, qui, il y a fort longtemps, nous expliquait qu’il n’y a pas de bon vent pour le marin qui ne sait pas où il va…

Source : Libération en date du mardi 15 janvier 2008. Propos recueillis par David Revault d’Allonnes.


LE PS IRA AU CONGRES MAIS FERA CHACUN POUR SOI

"Passer à autre chose", "dépasser ce moment difficile". A l’Assemblée nationale, les socialistes ne cachaient hier ni leur lassitude ni leur désir de tirer un trait définitif sur trois années d’engueulades sur fond de référendum européen.

Comme ils le redoutaient depuis des jours, l’examen par les députés du projet de révision constitutionnelle nécessaire à la ratification du traité simplifié a réveillé les vieux antagonismes. Et d’abord sur la forme. Car s’ils sont majoritairement favorables à une ratification d’un traité nécessaire au déblocage des institutions européennes, les socialistes ne veulent pas avoir l’air de se moquer du peuple. Eux qui, pendant les campagnes présidentielle puis législatives, avaient réclamé que soit organisé un nouveau référendum sur la question n’en démordent pas. "Le peuple peut déléguer ses pouvoirs, mais pas celui de lui enlever le sien !" s’est enflammé le député des Landes Henri Emmanuelli au cours de la réunion du groupe PS. Or entre cette exigence référendaire et la volonté des dirigeants socialistes de ne pas entraver la relance de la construction européenne, le chemin est étroit.

Rarissime.

Son annonce de boycott du Congrès de Versailles lui ayant valu les huées de ses amis, le patron du groupe PS, Jean-Marc Ayrault, a cherché une autre issue. Non sans avoir, cette fois, sondé au préalable quelques piliers du groupe dont Arnaud Montebourg, Manuel Valls, Jean-Marie Le Guen ou Gaëtan Gorce. Quelques minutes plus tard, lors de leur réunion hebdomadaire, les députés socialistes se voyaient proposer une nouvelle ligne de conduite : l’abstention au Congrès, suivi par le dépôt d’une motion référendaire à l’Assemblée le 6 février. Et Ayrault d’expliquer : "Si notre motion n’est pas retenue, ce qui est probable vu le rapport de force, c’est la majorité UMP qui prendra la responsabilité de ne pas consulter le peuple français par référendum."

Adoptée, à l’issue d’un débat nourri, par 68 voix contre 30 et 8 abstentions, cette stratégie devrait prévaloir le 4 février lors du Congrès. Les écarts pourraient toutefois être légion, le premier secrétaire, François Hollande, ayant fait savoir que, fait rarissime, les élus socialistes auraient "la liberté de conscience". Une faculté dont ils comptent bien user.

"Posture".

Noniste convaincu, le sénateur Jean-Luc Mélenchon (Essonne) continue ainsi de militer pour un non au Congrès. Tout comme Emmanuelli qui justifie : "Pour qu’il y ait un référendum, il n’y a qu’un seul moyen : que la révision ne passe pas à Versailles." Les partisans d’une relance coûte que coûte du processus européen sont tout aussi indociles : "Je voterais deux fois oui, à la révision à Versailles et au traité à l’Assemblée, prévient Jack Lang. C’est la logique et le bon sens. Nous sommes empêtrés depuis cinq ans dans des considérations de posture et de tactique. Il faut faire prévaloir le fond. Cela n’a que trop duré."

En déplacement à Strasbourg, Ségolène Royal s’est rangée à cet avis. Tournant le dos à son discours de la campagne présidentielle quand elle promettait un référendum, l’ex-candidate s’est dite favorable à l’adoption du traité simplifié : "Il faut permettre aux socialistes de rejoindre leur famille socialiste au plan européen. […] Il faut adopter ces nouvelles règles pour pouvoir fonctionner à 27 et surtout donner un contenu à l’Europe, sinon le monde va avancer sans nous." Hier sur Canal +, le fabiusien Claude Bartolone résumait le sentiment des siens : "C’est la fin d’un mauvais feuilleton."

Source : Libération en date du mercredi 16 janvier 2008. Article de Nathalie Raulin.

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