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UN MONDE D'AVANCE- SECTION LEON BLUM
10 février 2008

DATI A LA PRISON DE MEYZIEU : RAS

La Garde des Sceaux, Rachida Dati , s'est rendue samedi après-midi à l'établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Meyzieu, à côté de Lyon. Un prison où un adolescent s'était pendu une semaine plus tôt. La ministre voulait "soutenir l'ensemble des personnels". Les nombreuses questions que se posent les adultes qui travaillent à l'intérieur ne l'ont visiblement pas effleurée. Elle ne pointe aucun dysfonctionnement. "Leur travail et la structure de l'établissement" ne sont "absolument pas remis en cause". L'EMP est "adapté"

Les personnels s'interrogent heureusement un peu plus. Depuis l'ouverture du centre, en juin 2007, ils ont "réduit un peu la voilure". Au départ, les adolescents suivaient des activités de 9h du matin à 8h du soir. Soixante heures au total par semaine, ce qui était "très violent pour certains jeunes livré au désoeuvrement jusque-là", admet un responsable de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Les activités s'achèvent désormais à 17h30, les mercredi sont banalisés et les week-end allégés.

A demi-mots, tout en défendant la structure et les personnels, le responsable de la PJJ reconnaît qu'il a fallu s'adapter au lancement à marche forcée. Des programmes de recrutement en urgence d'éducateurs ont été lancés. Certains sortaient tout juste de l'ANPE et des cessions de formations ont été organisées pour des éducs qui n'avaient jamais travaillé pour la PJJ. Les nouveaux débarquaient dans un EPM où les premiers mineurs avaient décidé, avant même leur transfèrement, de mettre l'établissement à l'envers.

Le manque de formation de certains posait plus de problème dans un centre nouveau, où surveillants et éducs doivent de surcroît travailler en "binômes". C'est l'une des particularité des EPM. Quatre cultures professionnelles y cohabitent (pénitentiaire, PJJ, santé et éducation nationale) sans que l'ensemble soit placé sous la seule autorité du directeur. La tentation peut être plus forte pour des adolescents de s'engouffrer dans les failles que laissent les adultes entre eux.

Les professionnels s'interrogent aussi sur le cadre lui-même et ses ambiguïtés. L'EPM est organisé en "unités de vie" semblables à des foyers, avec activités et éducateurs. Mais l'ensemble est clos de mur et l'établissement est bien une prison. Des adolescents constitués de failles psychologiques ont peut-être parfois des difficultés à se situer dans ce cadre. Ils s'y trouvent de surcroît en permanence sous le regard des autres, du fait de la multiplicité d'activités collectives. Cela génère aussi plus de tension.

Dans ce contexte, le petit Julien était décrit comme un pensionnaire "courtois" par les surveillants. Il n'allait cependant pas bien, a changé cinq fois d'unité et fait deux tentatives de suicide en six semaines. "Vu son pédigré, je ne vois de toute façon pas comment il pouvait échapper à la prison", glisse un responsable de la PJJ. Un cadre de la pénitentiaire explique pour sa part que l'adolescent ne supportait pas l'enfermement. Jusqu'à se suicider. Il a été enterré samedi à Casablanca. Au moment où Rachida Dati visitait l'EPM.

Source : LibéLyon en date du dimanche 10 février 2008.

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