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UN MONDE D'AVANCE- SECTION LEON BLUM
18 mai 2007

REIVENTONS LA GAUCHE !

Texte présenté par les membres des instances de la Fédération de Paris du Parti socialiste :

Guillaume Balas, Fabien Badinier, Corine Barlis, Olivier Berthelot, Murielle Blaisse, Julien Bobot, Jeanne Bot, Nicolas Braemer, Stéphane Bretout, Fanelie Carrey-Conte, Sandrine Charnoz, Pascal Cherki, Olivier Daronnat, Virginie Daspet, Soulé Diawara, Claire Edey, Aude Evin, Léa Filoche, Lauren Gimenez, Frédéric Hocquard, Catherine Joly, Fabrice Labroille, Stéphane Lovisa, Thierry Malarde, Lucie Marinier, Isabelle Martin, Nathalie Maquoi, Claire Morel, Yannick Pain, Carine Petit, Emilie Pouradier, Axel Rabourdin, Rodolphe Raphaël, Marie-José Raymond-Rossi, Bastien Recher, Delphine Rouilleault, Ambroise Solomon, Laurent Touzet, Julie Tartarin, Pauline Veron, Alexandre Wattiez.

La défaite est lourde, la défaite est triste. Ce texte répond à un besoin immédiat d’exprimer notre envie de comprendre. Il n’a la seule ambition que d’être une première contribution à la  nécessaire réflexion collective qui nous attend bientôt. Il ne veut s’en prendre à  personne si ce n’est à nous tous : comment avons-nous pu perdre cette élection présidentielle ? Comment avons-nous pu laisser Sarkozy devenir président après cinq années de gouvernement de droite très impopulaire ? Comment avons-nous laissé échapper la victoire après tant de mouvements sociaux et d’élections intermédiaires gagnées ?

Le bilan de la campagne présidentielle devra être fait mais nous savons que notre échec vient de plus loin, qu’il a des causes structurelles, qu’il est l’aboutissement d’un lent recul politique et culturel face aux libéraux. La gauche ne doit pas dire « charge sociale » mais « cotisation », elle ne doit plus avoir peur d’affirmer ses valeurs d’égalité quand en face on s’assume parfaitement, elle doit reconquérir les cœurs mais surtout les têtes. 

Evitons les faux-débats

Ce n’est pas seulement Ségolène Royal et les socialistes qui ont perdu l’élection présidentielle, c’est toute la Gauche qui est menacée de marginalisation. Ceux qui cherchent une solution dans une « modernisation » libérale de la Gauche se trompent tout autant que ceux qui veulent la pousser vers la radicalité.

Evitons les faux-débats : la nature réformiste et sociale-démocrate du PS est une réalité depuis au moins vingt ans, on peut même dire qu’elle est celle de la Gauche toute entière pour au moins   90 % de ses acteurs, militants et surtout électeurs.

En effet, les mêmes questions sont posées à toute la gauche en France mais partout ailleurs aussi :

Comment assurer dans le cadre d’une économie capitaliste plus ou moins mondialisée des politiques démocratiques de justice sociale et promouvant l’intérêt commun et notamment celui des plus modestes ?

Comment assurer la victoire du long terme sur la courte vue du marché dont la menace la plus évidente est l’accroissement des menaces écologiques ?

Comment construire des relations internationales équilibrées permettant la reconnaissance, le développement et la dignité de tous ?

Défaite sociale et culturelle

Les mutations du capitalisme de la fin des années 70, les changements géopolitiques majeurs de l’après-guerre froide ont brisé le fragile rapport de force social qui existait dans les pays développés du « monde libre » de l’époque. La casse du cadre keynésien de la régulation macro-économique est alors en route permettant  aux détenteurs de capitaux de prendre leur formidable revanche contre l’Etat social. C’est le début de la grande vague « néo » libérale dénonçant tout frein à un marché doté de toutes les vertus. La « mondialisation » commence alors, brisant  la possibilité pour les salariés de se défendre par la création d’une concurrence toujours plus grande entre travailleurs. La libéralisation des marchés financiers annule les armes traditionnelles des peuples pour se protéger contre les investissements à court terme, l’entrée dans la division internationale du travail de la Chine et de l’Inde est le prétexte à un partage toujours plus inégal de la valeur ajoutée entre capital et travail.

Ce renforcement considérable du capital a aussi des conséquences idéologiques et culturelles lourdes. Il se traduit par une destruction confuse mais énergique des présupposés même des idéaux de progrès. La mise au pas des médias, la dévalorisation de la culture et de la réflexion au profit de l’ « action », le dénigrement du collectif par rapport à l’individu, la destruction de toute théorie critique au nom d’une idéologie « anti-totalitaire » sans réel contenu, sont quelques aspects des processus qui amènent les populations à ne plus croire qu’à la compétition, ou au mieux à la charité. La voie est ouverte alors pour opposer les catégories populaires entre elles : immigrés contre « petits blancs », smicards contre Rmistes, travailleurs pauvres contre chômeurs. On remplace l’axe vertical « Capital – Travail » par un axe horizontal « travailleurs -  inactifs » tendant à ériger la tyrannie des actionnaires comme un fait inébranlable contre lequel « on ne peut rien faire ». Sans doute cette première phase du nouveau capitalisme se termine, les remises en cause, même partielles, du libre-échange intégral se font jour, l’ère des « blocs » géo-économiques commence peut-être… Ne soyons pas encore en retard d’une analyse.

La gauche social-démocrate n’est pas exempte de contamination, ni en France, ni ailleurs. Les créations de gauches « modernes », valorisant le sociétal (dans un sens laxiste ou autoritaire peu importe) pour ne plus rien dire du social ou dogmatisant la construction européenne pour l’utiliser comme idéologie de remplacement ont été le signe de cet affaiblissement. Les naissances de « troisièmes voies » autoproclamées sont les paravents à un renoncement fondamental : la gauche est vaincue car elle est persuadée des axiomes de l’adversaire.

Il ne s’agit plus de construire démocratiquement et progressivement un rapport de force plus favorable au travail mais d’adoucir et d’humaniser une domination capitaliste toujours plus réelle mais qui disparaît dans le firmament des « contraintes ».

Reconstruire

Ce n’est donc pas la conversion à la social-démocratie qui est urgente, c’est sa défense et sa remise en mouvement. C’est son réarmement théorique et pratique, c’est d’organiser sa contre-offensive culturelle et organisationnelle. Allons même plus loin, c’est toute la gauche qu’il faut reconstruire en brisant les anciennes frontières pour faire émerger une force neuve, conquérante et fédératrice, un nouveau mouvement ou parti sûr et fier de ses valeurs et de son projet.

D’un certain point de vue, la victoire de Nicolas Sarkozy nous montre la voie, par sa reconstruction idéologique de la Droite, sa volonté d’en finir avec un « recentrage » démobilisant pour assumer sans complexe ses valeurs et ses thèmes. Il a voulu gagner culturellement la bataille politique avant de vaincre électoralement. Ainsi, il a pu s’assurer un soutien inconditionnel de ses électeurs traditionnels, se permettent ensuite le luxe d’aller chercher ses électeurs ailleurs : à l’extrême-droite, au centre mais même, disons-le, à gauche aussi. Doit-on se satisfaire que ce soient la France du Nord et de l’Est qui plébiscitent Sarkozy, c'est-à-dire la France des grandes industries sinistrées, des grandes banlieues dégradées, des campagnes inquiètes quand nous faisons nos meilleurs scores dans la France « soft » des moyennes villes dynamiques de l’ouest, au chômage encore assez bas, aux universités modernes et en pleine ascension ? La Gauche ne peut-elle que représenter les couches intellectuelles, les catégories populaires des cités des grandes villes et les artistes des centres urbains ?

La course au centre qui nous est proposée est la même erreur que celle commise par les démocrates américains depuis la défaite de Clinton : la politique comme une addition tactique de voix.

Certes, il faut écouter la société et ses souffrances mais il faut surtout lui affirmer avec force ce que nous voulons, nous devons gagner dans les têtes avant de gagner dans les urnes. La gauche ne peut se contenter d’être une anti-droite.

Pour cela, il nous faut agir dans l’ordre : organiser une résistance forte au sarkozysme triomphant lors des législatives de Juin, rassembler ensuite de grandes assises de tous ceux et celles qui veulent reconstruire une perspective progressiste dans  notre pays, créer alors un nouveau cadre politique rassemblant l’essentiel de la gauche.

Les questions de leaderships viendront en leur temps. Commencer par elles c’est abaisser ce que nous sommes, mépriser le peuple et désespérer nos militants : sans doute il y a-t-il mieux à faire.


PS_NPS_REINVENTONS_LA_GAUCHE

La Gauche n’est plus idéologiquement majoritaire, y compris dans les classes sociales les plus modestes.


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