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UN MONDE D'AVANCE- SECTION LEON BLUM
26 octobre 2007

LA DEUXIEME GAUCHE, UN SOCIALISME SANS BUT ?, PAR GUILLAUME BALAS

Longtemps réels, puis longuement fantasmés, les affrontements entre la première et la deuxième gauche ont alimenté la chronique du socialisme au moins de la fin des années soixante au début des années 90. On sait que le terme de « Deuxième Gauche » apparaît officiellement au congrès de Nantes de 1977 dans une intervention  de Michel Rocard, s’appropriant une sensibilité « girondine et régionaliste et autogestionnaire » opposée à une première gauche « étatiste et jacobine ».En réalité, l’affrontement entre ces deux courants du socialisme plonge ses racines dans une histoire politique beaucoup plus longue et se prolonge encore, même si les formes organisées de ce clivage n’existent plus vraiment.

Il ne s’agira pas d’établir une chronique détaillée de l’histoire de la Deuxième Gauche mais plutôt d’établir à chaque étape de ses questionnements une réflexion subjective sur ses apports et ses dérives : Quel inventaire peut-on faire de la Deuxième Gauche aujourd’hui ? Quelle utilité conceptuelle et pratique conserve-t-elle dans la construction d’une gauche de transformation sociale au XXIème siècle en France ?

Il faudra d’abord s’intéresser à ses prémices et constater sa pluralité originelle, puis tenter de comprendre la synthèse originale qui lui fait prendre corps dans les années soixante et enfin remarquer son acmé et son éclatement dans les vingt dernières années.

I - Le refus de l’étatisme, un rapport critique au républicanisme

Quand les années soixante voient émerger le PSU et la CFDT, il est convenu d’attribuer à ces nouveaux venus une originalité politique totale et a-historique. La Deuxième Gauche naît en soi, sans racine et sans passé. Evidemment, il n’est rien de plus faux, les années soixante ne sont qu’un moment particulier de son existence où la Deuxième Gauche « prend corps », synthétisant différents courants déjà anciens.
On doit ainsi porter notre regard sur la genèse même du socialisme français, même s’il faut éviter les héritages obligatoires et les anachronismes.

A - L’apolitisme originel du socialisme français

Dès le XIX ème siècle s’opposent ceux qui, à gauche, s’intéressent à la question sociale. Le monde ouvrier, dans sa diversité d’alors répond de manière hétérogène à la question du pouvoir d’état : faut-il en faire un objectif ou au contraire le refuser ?

Très tôt, les intellectuels utopistes semblent prendre leurs distances avec la politique. Au-delà des théorisations et constructions imaginatives, les phalanstères et autres organisations saint-simonniennes  prônent alors soit la dissidence pour laisser place à l’expérimentation communautaire (Fourier, Owen), soit la volonté d’inspirer le pouvoir politique dans sa politique économique et sociale, quelque soit ce pouvoir politique, sa forme, ses assises, son idéologie. On le sait, pour Saint-Simon, le socialisme (terme qu’il refuse) est d’abord une technique qu’il s’agit de proposer au maître en place. Proudhon lui-même multipliera les discussions avec Napoléon III concernant le mutualisme et la liberté syndicale. Ainsi, un socialisme apolitique de dissidence ou technocratique agit et est sans doute même majoritaire en France avant la Commune.

Cette méfiance par rapport au politique se radicalise ,on le sait, avec l’auto-organisation du mouvement ouvrier et l’anarcho-syndicalisme (puis syndicalisme révolutionnaire) qui préside à la naissance des organisations de classe en France.

B - La Commune, une révolution différente

Evidemment, on ne peut passer sous silence l’épisode communard, véritable référence pour tous les adeptes de l’autogestion. Même s’il faut relativiser la composante libertaire dans la direction politique de la Commune (les marxistes, les jacobins blanquistes et surtout les républicains d’inspiration « quarante-huitarde » seront largement majoritaires) on ne peut qu’observer que les thèmes idéologiques portés sont originaux à plusieurs égards par rapport à la tradition progressiste française. Tout d’abord, la simultanéité des objectifs sociaux et politiques : Il s’agit à la fois de prôner le fédéralisme communal comme base de la nouvelle république et d’abroger le capitalisme au profit de l’autogestion des moyens de production.

Enfin, surtout après la défaite des généraux communards face aux versaillais, le mot d’ordre de « chacun combat dans son quartier », sans hiérarchie proclamée, montre la force des mots d’ordre libertaires.

C -1900, la fin du scientisme

La fin du XIXème et le début du XXème voient ce qu’on appelle la « crise de conscience européenne », ce qu’on pourrait traduire par la fin de l’espérance scientiste. Le rationalisme ne paraît plus en mesure de répondre à des sociétés bouleversées par l’industrialisation. Les philosophies du sentiment et anti-rationalistes explosent, notamment avec Bergson et Nietzsche, plus tard, l’émergence des théories psychanalytiques place presque définitivement l’intelligence à sa place : « cette petite chose à la surface de l’homme ».

Ces questionnements ont des conséquences directes à la fois sur le républicanisme positiviste d’une grande partie de la Gauche et sur le marxisme d’une partie des socialistes. Si le rationalisme est battu en brèche, le seul espoir de révolution sociale se situe alors dans l’instinct des masses, sa spontanéité, sa violence inconsciente. On voit ainsi émerger un « immédiatisme » ouvriériste en rupture à la fois avec le catéchisme républicain et le marxisme orthodoxe dont les promesses « scientifiques » (l’affaiblissement du capitalisme par ses contradictions internes) sont décrédibilisées. Sorel avec ses « réflexions sur la violence » sera un des porte-paroles les plus efficaces de cette nouvelle radicalité.

A côté de cette révision du marxisme à l’extrême-gauche, se propage également une révision du marxisme par la droite. Ainsi, nombre de dirigeants socialistes, faisant le même constat que les soreliens sur les prévisions marxiennes se tournent vers une simple volonté de réforme du capitalisme, même si cela est rarement assumé, et une critique « mezzo-voce » du marxisme orthodoxe au nom de la tradition humaniste, on connaît le rôle de Jaurès dans cette évolution de la SFIO.

D - La naissance des chrétiens de gauche

Enfin, les premières décennies du siècle voient la formalisation du passage à gauche de militants catholiques, très engagés dans l’action ouvrière. Cet héritage du christianisme social du XIXème sera un ferment important de la reconstruction de la gauche après la Deuxième Guerre mondiale et existe avec un référentiel propre et original. Tout d’abord, ces catholiques sont issus d’un monde en soi, l’Eglise, concurrente directe de l’Etat et de la République, ainsi, si volonté de dissidence il y a, c’est surtout  par rapport à l’autorité du clergé et cette expérience anti-autoritaire marquera profondément les militants démocrates-chrétiens du Sillon ou les fractions progressistes de la Cftc qui naît en 1919.

Par rapport à la tradition majoritaire de la gauche française, marquée par son origine républicaine et montagnarde après la chute du fédéralisme girondin, à la tradition majoritairement marxiste dans sa version étatiste après la victoire idéologique du guesdisme dans le socialisme français, se situent quatre mouvances en opposition possible à la Première Gauche précédemment caractérisée : le spontanéïsme ouvriériste, le technocratisme apolitique, la démocratie chrétienne progressiste, le réformisme « social-démocrate ».Ces quatre courants sont à l’origine de la Deuxième Gauche

II - La synthèse des années soixante

A - La crise de la gauche officielle

Trois crises marquent l’histoire de la gauche française de l’après-guerre aux années 70 :

- la naissance d’une contestation radicale du stalinisme.

Après 1956 et la répression soviétique en Hongrie, de nombreux militants communistes, de tradition marxiste, quittent le PCF. Ils rejoignent dans la contestation du stalinisme et de ses pratiques  ceux qui en avaient fait leur discours dominant à l’extrême gauche, les trotskystes et les libertaires. Ils forment, de manière encore prosaïque, une force militante disponible pour construire un espace entre le PCF et une SFIO déconsidérée.

- l’éclatement de la SFIO sur la question coloniale.

La guerre d’Algérie est, on le sait, l’origine de la scission de fractions entières de la SFIO, refusant la politique répressive de leur parti face aux militants indépendantistes. Ces départs touchent toutes les sensibilités socialistes, de son extrême gauche à ses rangs les plus modérés. C’est la naissance du PSA, bientôt rejoints par des humanistes de gauche (radicaux comme Hernu), puis par les fractions anti-staliniennes du communisme et enfin, des militants chrétiens de gauche ou d’extrême –gauche. Cette naissance d’un appareil politique, le PSU, tentant d’unifier tous les courants anti-autoritaires de la gauche est une première dans l’histoire. Ils trouveront un compagnon puissant à partir de 1964, avec la naissance de la CFDT, se reconnaissant dans un socialisme auto-gestionnaire et libertaire et indépendant du politique

- Mai 68, la Deuxième Gauche dans l’air du temps

La critique de l’autorité, de l’Etat, du Parti, de l’Eglise, s’étend brutalement à toutes les sphères de pouvoir lors du mouvement étudiant de 68, avatar français d’un mouvement mondial de prise de pouvoir par les baby-bommers. Ainsi, si l’aliénation sociale par la domination du Capital reste prégnante, ce sont surtout les contestations nouvelles qui marquent le mouvement baby-boomers de façon originale. Anti-patriarcalisme, féminisme, anti-productivisme, ces notions nouvelles accompagnent la reprise d’idées pré ou anti-marxistes du mouvement socialiste au sens large. Ainsi, l’autogestion et l’anti-étatisme ont des couleurs nouvelles.

Ces trois crises affaiblissent considérablement la gauche traditionnelle, que ce soit le PCF ou la SFIO qui tentent alors de se réinventer face à l’offensive idéologique de la Deuxième Gauche dans les années 70.

B - Vers une forme d’hégémonie idéologique

Celle-ci se base sur une différenciation des deux appareils dominants en utilisant l’anti-étatisme. Ainsi, Michel Rocard, dans la revue « Faire » dans les années 70, fait le lien entre social-démocratie et communisme par leur « révérence » devant l’action de l’Etat (autoritarisme soviétique ou Etat-Providence). Il nie l’eschatologie marxiste de la prise de pouvoir d’Etat préalable à l’édification du socialisme et dans une reprise de l’allemand Bernstein, plaide pour que la Gauche soit un mouvement permanent, sans objectif fixe si ce n’est la contestation de tout pouvoir établi et ceci par l’association du politique avec les différents acteurs sociaux, en acceptant leurs contradictions et les dialectiques entre politique, associatif et syndical. Ainsi, le politique refuse toute instrumentalisation du mouvement social, n’acceptant que le dialogue et les alliances.

Devant le dessèchement de la Gauche des années soixante, la synthèse anti-autoritaire de la Deuxième Gauche apparaît comme une œuvre salutaire, sur laquelle les socialistes sauront prospérer, en créant le Nouveau Parti Socialiste en 69, en adoptant l’autogestion comme principe et en rassemblant dans le même appareil politique l’essentiel de la première et de la deuxième gauche à partir de 1974.

C’est là toute l’habileté de François Mitterrand qui reprend des éléments entiers des analyses du PSU tout en conservant une stratégie et un discours très « première gauche ». Il peut ainsi simultanément rallier au PS des électorats nouveaux et sensibles au discours CFDT et PSU tout en rognant toujours plus les rangs des électeurs communistes. Ainsi, le célèbre affrontement du congrès de Metz ne porte pas tant sur le fond ( même si certaines questions comme la place du marché ou le degré des nationalisations font sens) qu’un débat stratégique sur l’alliance avec le PCF. D’ailleurs nombre d’acteurs historiques de la Deuxième Gauche soutiendrons alors Mitterrand contre Rocard (Delors, Poperen).

Les années 80 montreront à quel point les analyses de la Deuxième Gauche pénètreront l’action concrète des socialistes même si ce ne sera jamais revendiqué, cette histoire est connue, il n’est pas besoin de la refaire

III - La radicalisation droitière des années 90

Que ce soit du point de vue politique, syndical avec la CFDT ou intellectuel (Rosanvallon, Furet, Julliard), la chute du mur de Berlin et la fin du communisme change le discours et la pratique de la Deuxième Gauche. Il ne s’agit plus d’une critique anti-autoritaire et non –dogmatique des incohérences et des illusions de la Gauche traditionnelle mais bien de déconstruire entièrement le patrimoine de la gauche en général. Tout y passe, le marxisme, la Révolution Française (matrice de tous les meurtres révolutionnaires de masse), la laïcité, la méfiance habituelle envers l’atlantisme. L’exaltation de la protection de l’individu face au groupe, le refus de tout discours « idéologique » font que la IIème gauche combat d’abord son camp avant de s’intéresser à la Droite et à son renforcement.

Toute critique sociale est par essence « simplificatrice », on fait l’éloge des réseaux et de l’horizontalité envers tout discours normatif accusé de refuser la « complexité ». De fait, sans le savoir, parfois en l’assumant, la Deuxième Gauche interdit toute critique de la révolution néo-libérale en cours depuis la fin des années 70, seuls ses militants qui se sont tournés vers l’écologie politique aboutissent logiquement à encore contester le système économique dominant, et encore être « libéral-libertaire » chez les Verts devient une mode.

Certes, la Deuxième Gauche ne fait qu’accompagner un mouvement qui emportent bien d’autres progressistes mais elle est originale en ce qu’elle le théorise.

Trois exemples peuvent ainsi être pris.

1 - Les dérives de l’anti-totalitarisme

Dans le champ intellectuel, Pierre Rosanvallon et bien d’autres prônent la fin des clivages, l’avènement d’une société apaisée, composée principalement d’une vaste classe moyenne. L’alliance capital-travail paraît de bon sens et le dialogue entre tous les « raisonnables » s’inscrit dans divers clubs et fondations, c’est la « république du centre » de Jacques Julliard, la lutte contre les « conservatismes de tout bord ». Ce mouvement s’inscrit dans un anti-totalitarisme qui pousse jusqu’à l’antipolitisme : toute action volontariste est suspecte car étant susceptible de nier l’essence humaine par sa volonté de transformation. La réhabilitation de Aron contre Sartre par la Deuxième Gauche intellectuelle se fait avec l’appui enthousiaste des anciens gauchistes soixante huitards. Finalement, un monde humaniste régulé par le marché paraît une fin de l’histoire acceptable devant unir tous les « démocrates » face aux « fanatiques ». Cette évacuation complète de la question sociale trouvera sa limite dans l’aporie que constitue le ralliement de la Deuxième Gauche officielle aux réformes libérales de ce temps. Tirant les conclusions de cet échec, un Rosanvallon créera avec la République des idées une « nouvelle critique sociale » nettement plus en prise avec les intuitions des années soixante.

2 - Un syndicalisme sans classe sociale

Le deuxième exemple encore plus frappant est l’évolution de la CFDT. Se recentrant dès les années 80 face au gauchisme des années 70, elle ne saura plus s’arrêter pour à l’extérieur accepter l’essentiel des remises en cause de l’Etat-providence au nom de la modernité et à l’interne, développer jusqu’à l’absurde l’antipolitisme. Ainsi, la CFDT devient le « parti pris de la solidarité », exhorte à la contractualisation contre la loi, se défie fortement de la gauche politique, demande la disparition de l’état régulateur au nom des « acteurs sociaux ». On ne peut saisir cette démarche si on ne considère pas l’héritage anti-étatique de cette organisation et sa croyance absolue dans la « société civile », la prétention n’est pas seulement de nier le politique, elle est de faire du syndicalisme le seul acteur légitime de la transformation sociale, anarcho-libéralisme ou néo-corporatisme ?

Ce retour aux principes d’action de la CFTC des années 20 dans un contexte de renforcement du pouvoir du capital provoque une grave crise dans ses rangs et une scission cassant en deux la deuxième gauche syndicale.

3 - Le « consensus » comme pratique du pouvoir d’Etat

Le troisième exemple est le plus politique, il est la théorisation du « consensus » par Michel Rocard, premier ministre de 1988 à 1991. Ce consensus n’est pas le compromis des réformistes syndicaux et socialistes puisqu’il nie l’existence de vrais clivages et la nécessité du rapport de force. Il est une croyance abstraite en la possibilité  de mettre d’accord des forces sociales à « froid ». Cette conception s’appuie sur la possibilité de faire appel chez chacun au bon sens et à l’intérêt commun, c’est une rupture complète avec la lecture de la société conflictuelle qu’était celle de la Deuxième Gauche pour rejoindre une conception de la société plus très éloignée du centre-droit de l’époque.

Aujourd’hui, la Deuxième Gauche politique est en miette, au PS comme ailleurs, on en retrouve des traces dans tout l’éventail de la Gauche, seuls les Verts pouvant y être rattachés avec certitude.

La Deuxième Gauche n’est plus organisée politiquement aujourd’hui et si bien des idées qu’elle a portées sont encore en vogue, l’élan néo-conservateur actuel semble en voie d’absorber ses tenants les plus droitiers pour repousser vers une lecture plus traditionnelle du clivage Droite-Gauche ceux qui refusent la confusion.

Malgré ses graves dérives et sa responsabilité écrasante dans l’affaiblissement idéologique de la gauche face aux libéraux, l’héritage ne peut être négligé, quitte à pousser l’inventaire un peu loin.

Certes, dans un monde libéral, individualiste et communautariste comme le nôtre, l’obsession anti-autoritaire et anti-étatique paraît fort désuète. Il faut pourtant mettre en regard cette inclinaison de tempérament avec ce qu’a été le terrorisme intellectuel du pseudo-marxisme pathologique de la première gauche française, de son conservatisme sociétal, de sa pratique cynique du pouvoir d’Etat.

Si l’histoire de la Deuxième gauche a une chose a nous apprendre c’est qu’il est juste de ne pas croire au tout politique, de s’appuyer sur un mouvement social sain et non instrumentalisé, d’accepter la conflictualité au sein des forces progressistes, politique, associative et syndicale mais ce qu’elle nous a aussi montré c’est que la négation de la spécificité du politique, la haine de l’Etat, la croyance aveugle de la société en mouvement pour elle-même casse le sens même du militantisme progressiste.

Finalement, première et deuxième gauche seront mortes de leur propre radicalisation laissant un champ d’action très large au néo-libéralisme, il est sans doute temps de créer une nouvelle synthèse entre les apports féconds des deux traditions afin de reconstruire l’espoir du progrès social mais cela c’est une autre histoire…

Source : Guillaume Balas. Guillaume Balas est Conseiller régional d'Ile-de-France, membre du Bureau fédéral de la Fédération de Paris.

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